Cette exposition propose une entrée sur les traitements actuels du
kaolin et de la porcelaine, et sur les couvertes et glaçures spécialement
appliquées à cette céramique.
Le travail d’émail dans lequel s’inscrivent la majorité des
artistes invités ici témoigne d’une recherche approfondie, une quête
perpétuelle de lumière, de couleurs et de textures, ancrée dans la matière au point de s’y fusionner, et qu’une vie
entière ne suffirait pas à assouvir.
Ils partagent le goût et les savoirs requis pour la porcelaine, qui
s’appuient sur une double compétence, l’une sur la forme et l’autre sur le
travail de l'émail.
Leur art consiste alors à mener le matériau jusqu’à ses ultimes
limites (la fusion, la vitrification) pour mieux explorer les possibilités
d’expressions artistiques qu'offre la porcelaine à la création contemporaine.
Le
kaolin, la porcelaine
Le kaolin, ou terre de Chine,
est une argile primaire parmi les plus pures, utilisée dans la fabrication de
la porcelaine. Elle est issue directement et quasi exclusivement de la
décomposition naturelle sur place de la roche-mère feldspathique.
Extrêmement réfractaire quand elle est utilisée pure (son point de
fusion se situant à 1800°C), elle est ordinairement utilisée combinée à du
feldspath, du quartz et à une argile plus souple qui rendent le tesson de
porcelaine plus plastique et abaissent son point de fusion.
En raison de la découverte tardive de gisements de kaolin en
Angleterre et en France au XVIIIe siècle (en 1755 pour le kaolin
anglais de Cornouailles, d’une pureté exceptionnelle, et en 1768 à
Saint-Yvriex-La-Perche dans le Limousin) la porcelaine se développa en Europe seulement
plus de 600 ans après le plein essor qu’elle connut en Chine du sud au XIIe
siècle dans la région de Jingdezhen. On peut estimer d’après les premières
pièces conservées que le kaolin était connu et utilisé en Chine déjà depuis
environ 200 ans avant JC. Et ce sont les carrières de Gaoling (littéralement « collines hautes ») exploitées
près de Jingdezhen, qui donnèrent son nom au kaolin.
Du fait des difficultés de tournage du kaolin, et de la maîtrise
des techniques de cuisson à haute température qu’elle requiert (1350°C environ)
la porcelaine fut principalement produite au XIXe siècle en série
par coulage dans des moules à destination des arts de la table, dans les
grandes manufactures industrielles de porcelaine de Sèvres, de Limoges…
Mais de nombreux artistes ont été séduits par les contraintes et
les propriétés de translucidité, de finesse, de densité de la porcelaine, et se
sont lancés dans le façonnage de pièces uniques, par tournage, ou montage à la
plaque.
Des prises de risques et des choix de travail qui renvoient
quotidiennement ces artistes à l'exigence, à la précision du geste, au
caractère sacré des poteries de la Chine ancienne, à une "montagne"
non moins sacrée de savoirs théoriques et pratiques assortis à ces techniques.
Mais aussi à une réflexion permanente sur les différentes interprétations,
actuelles ou anciennes et parfois dépaysantes de la notion d’esthétique.
Ils explorent, façonnent… à la recherche de l’expression d’une
sensibilité s’inspirant et s’affranchissant de ces héritages croisés et
multiples, pétris d’histoire, d’usages sociaux et d’avancées individuelles.
Mireille Favergeon
Si Mireille Favergeon travaille depuis plusieurs années sur les
céladons et le monochrome, elle a, pour cette exposition, orienté ses
recherches sur les effets d’amas, de concrétion et de superposition d’émail.
Tristan Chaillot (photo : Yves-Alban Lehaire)
Xavier Duroselle
Tristan Chaillot, Xavier Duroselle et René Le Denmat (appliquant les méthodes
de calcul des émaux de Daniel de Montmollin), sont fort réputés pour leur
maîtrise de l’émail et du céladon.
Florent Le Men
Florent Le Men fait partie des jeunes
artistes pluridisciplinaires qui explorent la porcelaine comme un terrain de
pensée prenant corps par la recherche de volumes et de texture, démarche où le
graphisme trouve à se loger d’une nouvelle manière.
Laetitia Benat
Pour Laetitia Benat,
plasticienne, le volume céramique prend vie dans son monde intérieur et se mêle
à un travail où, pour elle aussi, jusqu’à sa découverte de la céramique, le
dessin régnait en maitre.
Virginie et Louis Brueder
Virginie et Louis Brueder présentent quelques unes de
leurs pièces les plus imposantes, témoignant, comme René Le Denmat et Tristan
Chaillot, de la capacité de la porcelaine à se plier aux projets en grandes
dimensions.
René Le Denmat
Christine Macé expose quand à elle des pièces géométriques, cubes,
disques, où le geste graphique s’exerce sur une porcelaine mate, non émaillée,
devenue support d’écriture.
Christine Macé
Ils et elles ont tous, à leur manière, par des chemins parfois bien
éloignés les uns des autres, opéré un retour
vers la poterie, au sens le plus primordial du terme, sans manquer de
croiser la question de la fonction, ni de se plonger, - comme leurs pièces dans
la complexe alchimie de leurs bains d’émaux –, dans la profondeur des questions
intemporelles qui ont trait à la sensibilité, à l’exigence esthétique, au
simple pouvoir d’évocation des choses.
Expression, abstraite ou non, mais posant toujours la
question de l’art.
Vernissage le vendredi 12 octobre à 18h30.
Une exposition proposée par la commission culture de la Ville de Grignan.