dimanche 14 octobre 2012

K comme kaolin : Vernissage

Une exposition présentée à Grignan, jusqu’au 6 janvier 2012.

Du mercredi au dimanche, de 14h à 19h.





Photo Danielle Marze



Le vernissage de l'exposition K comme kaolin qui s'est tenu le vendredi 12 octobre dernier à l'Espace d'Art François-Auguste Ducros a réuni une assemblée enthousiaste autour du travail des 9 céramistes invités par la commission culture de Grignan.

Voici le discours d'accueil lu par Christine Macé et Mireille Favergeon, le vendredi 12 octobre 2012, en ouverture de l'exposition, en  présence des artistes, de M. Bruno Durieux, Maire de Grignan, de M. Jean-Pierre Couren, conseiller municipal en charge de la culture et du patrimoine.





"Monsieur le Maire, Monsieur l’élu en charge de la culture, Mesdames, Messieurs,


Photo Danielle Marze



Mireille Favergeon est l’invitée de la Commission Culture de Grignan et elle a choisi de convier 8 autres artistes à partager et à présenter leurs dernières œuvres.
Mireille est installée au cœur de Grignan et le nom de son atelier « l’Astrée » désigne déjà sa recherche, à savoir le céladon sur porcelaine et l’émail de haute température.
"Choisir, c'est renoncer" dit-elle, elle le souhaite, mais en fait ne renonce à rien, explore toutes les directions, prend tous les risques, toujours à partir de la notion de contenant, c'est à dire « de construire autour du vide ».
Cette exposition est l'occasion d'expérimenter pour la première fois ce qu'elle nomme des "chaos" : en géologie, des bouleversements telluriques et dans la mythologie, le monde d'avant la création.

Laetitia Benat est plasticienne, vidéaste, photographe et a découvert la céramique chez Mireille Favergeon. Elle connaît bien Grignan, puisqu’elle y a été en résidence, au château,
en 2001.Son univers de petits faunes et d’arbre à l’envers,
d’une extrême légèreté, nous renvoie à une terre joyeuse et vivante.

Louis Brueder aime les formes simples et généreuses recouvertes de superpositions d'émaux, souvent  suspendues par le feu à mi-hauteur de la pièce et créant ainsi un contraste entre le blanc et la richesse des rouges.
Virginie Brueder tire sa création de l'observation de la nature, de son aspect minéral et la transcrit par des formes modelées irrégulièrement, craquelées,  semblables à des morceaux de roches volcaniques.

Tristan Chaillot aime la nature, vit au milieu d'elle, et tire la terre vers le ciel d'un mouvement spontané et rapide. Soit au tour, soit à la plaque, elle retravaille, creuse, déforme jusqu'à ce que l'esquisse devienne achèvement.

Maître de l'émail, l'œuvre de Xavier Duroselle repose depuis toujours sur une base classique d'influences orientales  qu'il traite d'une façon contemporaine. Je le cite :
La porcelaine est la plus dure des pâtes céramiques qui croisent notre quotidien…
C'est dû au fait qu'elle tend à se rapprocher des verres, qu'elle fait fondre la silice lors de sa cuisson et se rapproche ainsi des matières fondues puis figées… la fusion amène la translucidité et la solidité…
En œuvrant en porcelaine il faut appréhender à la fois le dur, l'inflexible, le définitif et le souple, l'imprévisible, le vivant.

Professeur de Mireille Favergeon, René le Denmat a eu deux vies, l'une comme militaire de carrière, l'autre comme potier. Il est absent aujourd'hui en raison de son installation à Cunha au Brésil pour y créer un espace de travail qui s'appellera « l'atelier du français ». Son œuvre céramique est faite autant de grès que de porcelaine ; cette dernière présentée ici montre une science aboutie de l'art de l'émail en particulier la famille des céladons qui le fascine toujours et encore.

La contrainte est libératoire, écrivait Georges Pérec : pour Christine Macé également : un support, la porcelaine, deux formes géométriques : le cube et le cercle, un crayon et un pigment réfractaires, le noir et le blanc. Une passion : le signe, l’écriture…
Une longue collaboration s’est établie avec Kitty Sabatier, calligraphe et plasticienne, certaines des œuvres présentées sont pensées et réalisées à quatre mains.


Je voulais dessiner mais le papier me faisait peur… écrit Florent le Men
Les œuvres exposées ici ont la blancheur du papier pour le dessin et la richesse de l'émail comme enveloppement.
Le contraste est surprenant : foisonnement du trait et austérité de la forme et de l'émail.
Humour, surréalisme, bande dessinée, l'œuvre de Florent le Men est tout autant sertie de classicisme que de provocation.




Quelques mots sur cette formule affichée à l’entrée de l’exposition : Al2O3  2SiO2  2H2O ; il s’agit de la formule moléculaire du kaolin, dont le nom provient d’une montagne appelée Gaoling, en Chine. Très peu plastique, composé d’alumine et de silice, le kaolin compose en grande partie la porcelaine. Ce nom porcellana a été donné par les Italiens qui la rapportèrent de Chine au XV° siècle pensant qu’elle provenait d’un coquillage (le cypraea) qui lui ressemblait.


Pour les céramistes ici présents, le goût de la matière l’emporte sur les risques techniques : la cuisson est en elle-même une véritable performance car l’artiste est exclu du processus de fusion qu’il doit cependant contrôler.

A la différence de l’Occident, la céramique est considérée comme un art majeur en Orient, et elle est reconnue au même titre que la peinture, l’architecture ou la sculpture.
Cette exposition est d’autant plus importante qu’elle se tient dans un lieu consacré à l’art contemporain.

Nous remercions la mairie de Grignan, Monsieur Jean-Pierre Couren, la Commission Culture, Valérie Pasturel, médiatrice de cet espace, les services techniques, et le personnel de l’office de tourisme pour leur accueil et leur aide précieuse.

Pendant la durée de l’exposition un film remarquable sera proposé au public, il a été réalisé par Louk Vreeswijk et Claude-Albana  Presset, commissaire de l’exposition « les 1001 bols », créée au Crafts Museum de New Delhi, puis en Chine, en Inde et  présentée dernièrement à Dieulefit. Nous les remercions de leur aimable autorisation.

Je vous remercie de votre attention."